« Mon grand-père fabriquait déjà des instruments pour les opticiens. Et quand mon père a dû choisir une profession, comme il est rentré dans la société familiale, il s’est naturellement dirigé vers l’optique pour entamer sa carrière. Et ça lui a plu directement. » Après un magasin ouvert rue de Brabant à Schaerbeek, la famille Heitz part s’installer au Congo belge où elle poursuit ses activités dans l’optique avec une belle clientèle.
« Lorsqu’il y a eu l’indépendance du Congo, nous sommes rentrés en Belgique. Mon père a repris le magasin de la rue de Brabant où il avait installé un gérant », se souvient Michel. « Le retour a été difficile. Mais nous avons pu compter sur une clientèle d’anciens coloniaux qui nous est restée fidèle. »
Rue de Brabant et chaussée de Ninove avant le Westland
Lorsque la rue de Brabant commence à battre de l’aile, les Heitz décident de s’implanter chaussée de Ninove à Anderlecht, devant un arrêt de tram. « Ce magasin a très très bien fonctionné. Lorsque vers 1969, le bruit a couru qu’un centre commercial allait ouvrir à Anderlecht, craignant la concurrence vu la proximité, mon père s’est porté candidat à l’occupation d’une surface dans le shopping. Pour rappel, les commerçants anderlechtois avaient une priorité sur les autres. »
Coût de l’investissement réclamé par le promoteur Sodecoma à la famille Heitz : près de 700.000 francs belges. Colossal pour l’époque. « C’est bien simple : après cela, il n’y avait plus rien dans le porte-monnaie », sourit Michel Heitz qui a développé l’affaire depuis le premier jour. « Mon père était resté chaussée de Ninove et ne venait dans le magasin du shopping qu’une fois par an, pour l’inventaire. »
Après le grand-père, le père, le fils
En 1994, un nouveau collaborateur, Max Heitz, fils de Michel, pointe le bout de son nez dans les affaires familiales. « Il faut dire qu’il a grandi dans le magasin. Quand je travaillais, je ne le voyais pas beaucoup. Du coup, avec sa maman, il venait après l’école ici ou alors il était tout le temps fourré chez Christiaensen, le grand magasin de jouets qui se trouvait dans le shopping. »
La famille Heitz ne se voit d’ailleurs pas quitter le Westland pour aller ailleurs, dans un autre espace commercial. Ceux-ci ne manquent pas : City2, Basilix, Docks… « Moi, je suis un natif d’Anderlecht », enchaîne fièrement Max Heitz, 46 ans.
« Le shopping a ouvert en 1972, je suis né en 1976. J’ai grandi sur place. Et puis, je ne me vois pas non plus faire un autre métier. Pour moi, j’exerce le plus beau métier du monde. Pourquoi ? On a la chance d’avoir un commerce et une clientèle qui se déplace. A côté de cela, quand je compare le métier quand j’ai débuté en 1994 et maintenant, le métier a changé de manière spectaculaire, que ce soit au niveau de la fabrication des lunettes, de l’évolution des verres… Le métier était à la base très axé sur l’artisanat. Aujourd’hui, nous avons des machines qui nous permettent de réaliser un montage de plus en plus précis… Les marques de haute couture s’intéressent à la lunette également. Cela nous permet de travailler sur des montures plus originales. Sans oublier notre approche par rapport aux grandes chaînes, à la vente à Internet… Il a fallu se positionner et réagir tout au long de ces années… Ce métier est en évolution permanente et chaque période amène son nouveau challenge… »
Sans oublier les périodes plus compliquées du Westland dans son ensemble comme le Covid récemment, le passage au parking payant en 2015 (qui a fait fuir la clientèle) ou encore cette chute du plafond en 2017 occasionnant plusieurs jours de fermeture.